Compositeurs et poètes se sont de tout temps intéressés à l'œuvre de Marguerite Burnat-Provins. Ils ont puisé leur inspiration dans sa production littéraire et artistique. En voici quelques exemples :
Michel Hostettler, Jeux d’oiseaux
Avec cette pièce pour duo de harpes (2002), le compositeur vaudois Michel Hostettler (né en 1940) rend hommage à Marguerite Burnat-Provins. Il s’inspire d'un dessin hallucinatoire daté "Saint-Germain, 10 octobre 1927", dont il reprend le titre. Cette œuvre est conservée à la Collection de l’Art brut à Lausanne et la partition dans le fonds Michel Hostettler appartenant aux Archives musicales de la BCU, Lausanne, site Riponne. Un enregistrement y est également déposé.
Jeux d'oiseaux. Duo de harpes : Geneviève Chevallier, Christine Fleischmann, [œuvres de] Poenitz, Hostettler, Pétrini, Zbinden.
Interprètes : Geneviève Chevallier (harpe) ; Christine Fleischmann (harpe), [S.l.] : Artlab, 2003 (BCU Lausanne, site Riponne, disques DCR 12876 (08)785.725).
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Jacqueline Tanner, ...TU NOMMES HIER ET SON REGARD…
(À Marguerite Burnat-Provins – Hommage au Livre pour toi)
Silence.
Tu l’aimes.
« Personne ne m’a appris ce mot »… dis-tu.
Qu’importe…
Sait-on jamais les mots des sources désertant le murmure
des grands fleuves taciturnes
avec ce souvenir d’ébène au fond des pierres…
le mot des cendres retenu aux brumes opaques
d’une errance implorée…
Sait-on jamais les mots…
Tu l’aimes.
Sur le seul grain de tes vendanges, tu graves son nom.
Tu émigres en son sommeil pour y sceller le vélin de
ton désir et quand, aux falaises de la nuit, tu t’endors,
il reste comme une odeur de jeune louve sous
l’ourlet de tes lèvres.
Tu danses l’exil de vos étreintes et ta main, fondue aux
aciers rouges de son haleine,
me tend l’éclat de ce manège
de ce chant.
Je me suis levée.
Je t’ai suivie.
Contre ton flanc apaisé, j’ai vu l’empreinte des résines,
le rire de mille ramiers
et le cri absolu des fontaines.
Souviens-toi.
Ta voix trace le long cheminement des vagues dans cet été
où la menthe et le sang mauve des prunes tachent l’arc de
tes ongles.
Le lierre veine la chaux de ta maison quand tu portes
son nom,
plus haut que le cimeterre effilé d’une lune vagabonde,
plus loin que le râle des villes pétrifiées.
Ta voix, à l’écho des moissons, invente toute clameur
à l’infini des palétuviers.
« Mais, je t’en conjure, ô Sylvius, comme la plus humble
des choses qui ont une place dans ta maison, garde-moi »…
Garde-moi…
une nuque se baisse sur le sol gris et froid
d’une cathédrale
Jacqueline Tanner (Clément-Tanner), née en 1943, est laborantine
et infirmière en chimiothérapie. Elle a collaboré au Passe-Muraille
de 1992 à janvier 2000, est corédactrice de la revue Levant, ainsi que
vice-présidente du Cercle culturel de l’Association Suisse-Israël.
Son œuvre, essentiellement poétique, comprend également un roman.
Elle vit à Lausanne.