Lettre à Marie Bovet-David, 1er novembre 1904, ACV, Chavannes-près-Renens :
« J’estime que l’art et la vie, inséparables, sont une route droite au milieu de laquelle il faut marcher en oubliant les susceptibilités, les intérêts, les servitudes. Mais cela suppose une philosophie qu’on n’acquiert qu’en souffrant et qu’en se dominant. Je trouve que le but vaut tous les sacrifices, les années que nous devons passer sur la terre seraient trop laides sans un idéal qui console et soutient. »
Lettre à Marie Bovet-David, 31 décembre 1907, ACV, Chavannes-près-Renens :
« En dehors des génies qui s’imposent, de ceux qui planent et devant qui tout le monde s’incline, la réputation se fait en raison directe de la faculté de vulgarisation d’une œuvre. Cela va de soi, plus il y a de gens qui vous comprennent, plus le public est grand. »
Lettre à Marie Bovet-David, 7 septembre 1908, ACV, Chavannes-près-Renens :
« Je crois qu’un véritable artiste c’est comme un site, il n’existe plus dès qu’il est trop connu… »
Lettre à Gonzague de Reynold, 3 février 1906, BNS, Fonds Reynold, Berne :
« L’Art intimement lié à la Vie, les traditions fortes comme un sang généreux, le culte du beau, ce soutien naturel de l’homme destiné à la souffrance, tout cela peut être considéré comme les colonnes qui soutiennent l’édifice de la raison, du sens droit, de la vérité en un mot, et on ne peut pas aller indéfiniment contre la vérité, c’est hors nature. »
Lettre à Madeleine Gay-Mercanton, 17 avril 1912, Lausanne, Fonds MBP, CLSR (UNIL), Lausanne :
« J’ai aimé passionnément l’art et la vie, j’ai écouté ce qui chantait en moi, j’ai suivi ma voie. »
Lettre à Fernand Vanderem, novembre 1916, BNF, Paris :
« L’art demande cette liberté que seul l’homme peut connaître. »
Heures d’automne, Vevey, Säuberlin & Pfeiffer, 1904 :
« En regardant la palette évocatrice, les inquiétudes s’évanouissent, les soupçons reculent, et l’ensorcellement de la couleur agit… Pour trouver l’oubli, il faut prendre cela, le pétrir avec son rêve, y mêler son âme et son souffle : créer. »
La Servante, Paris, Ollendorff, 1914 :
« Écrire : un vice peut-être, une faim retournée, la domination sur la parole muette qu’on écrase au long de la page avec le tourment rejeté.
Écrire quand l’âme sue et que le sang lui-même trempe la plume au bout des doigts.
Écrire quand on étouffe, oui. »
« Elle est si mince, mon enveloppe. Je n’ai rien sculpté dans le chêne fort et, là-dessous, le bon et le mauvais se mêlent dans la glaise du premier jet. Je serai morte avant leur séparation, dans ma forme imparfaite, morte peut-être d’un grand effort. »
Près du Rouge-Gorge, Lille, Éditions de la Hune, 1937; rééditions à Cossonay, Plaisir de Lire, 2003, p. 62 :
« Que faire puisque Dieu n’a pas voulu nous créer pour un métier, mais pour un art ? »